Jusqu'à 140 hommes travaillent sur le méga chantier d'Aarau. Depuis janvier 2022, l'entreprise de construction Marti AG Zurich s'occupe du gros œuvre avec environ 80 de ses propres employés et les différents sous-traitants. L'immense nouveau bâtiment de remplacement, d'une longueur de 145 x 120 mètres et d'une hauteur de 50 mètres, présentera finalement une surface de plancher de 110 000 m2. La construction se fait selon un modèle BIM établi au préalable.
Texte : Anita Bucher
Images: Markus Zehnder, Marti AG / Anita Bucher
Il s'agira du plus grand hôpital de Suisse et du deuxième plus grand d'Europe (source : Aargauer Zeitung). Le bâtiment projeté « Dreiklang » se composera d'un socle de quatre étages et d'une structure de six étages décalée vers l'intérieur. Le socle se divise en différents domaines fonctionnels de l'hôpital et en un service ambulatoire, tandis que les unités de soins et de lits seront logées dans la superstructure. Ce qui était jusqu'à présent réparti dans différentes cliniques sur l'ensemble du site sera regroupé dans un seul bâtiment.
Jusqu'à 23 étapes de bétonnage par étage
Les immenses surfaces de plafond du bâtiment de base ne peuvent évidemment pas être bétonnées en une seule fois. Selon les étages, jusqu'à 23 étapes de béton seront réalisées. Toni Würsch, responsable du projet, explique : « Comme le bâtiment est tout simplement énorme, nous l'avons divisé en quatre parties pour la planification des travaux d'exécution. Nous avons planifié les étapes de bétonnage de manière à ce que le personnel et l'inventaire soient toujours engagés de manière optimale ». Ainsi, le coffrage, la pose de fer et le bétonnage peuvent être effectués en continu. La construction se déroule actuellement sur trois étages en même temps. La priorité est donnée aux étapes de bétonnage à l'intérieur du bâtiment. Cela est dû au fait que l'on souhaite commencer le plus rapidement possible la construction du bâtiment des lits surélevé. « C'est le chemin critique qui détermine si nous pouvons respecter le planning ».
Cette manière de procéder a pour conséquence qu'une équipe de construction peut déjà se trouver au 2e étage, tandis que l'autre se trouve au 1er étage et que les collègues entre les deux se trouvent encore au 1er sous-sol.
Huit grandes grues WOLFF sont utilisées sur le chantier « Dreiklang ». Deux centrales à béton locales produisent le béton directement sur place et le mettent en place à l'aide de pompes à béton et de mâts de distribution de béton.
Des tablettes pour les contremaîtres et les chefs d'équipe
Six contremaîtres et trois chefs d'équipe font avancer le chantier. Ils ont tous été équipés de tablettes sur lesquelles ils peuvent toujours étudier les plans nécessaires au moyen de modèles BIM. C'est extrêmement pratique, car on a toujours tous les plans à jour, comme me l'explique le contremaître en chef Adamo Bono. Le contremaître des ferrailleurs est lui aussi enthousiaste à l'idée de travailler avec la tablette : « C'est beaucoup plus clair que les plans sur papier, et je peux en outre afficher ou masquer les plans niveau par niveau, comme je le souhaite ». En outre, la vue sur la tablette n'est pas un simple trait sur le papier, mais presque comme un modèle photographique. Il espère donc ne plus jamais devoir travailler avec des plans papier. David Weilenmann, chef contremaître adjoint, est lui aussi fan des plans numériques. « La bonne quantité de béton et de fer est déjà enregistrée dans le modèle. Cela rend mes commandes super faciles ».
Cinq cabines à plans numériques sur le chantier
Marti AG a bien équipé ses collaborateurs. À cinq endroits stratégiques du chantier, les contremaîtres ont accès à une cabane à plans BIM où ils disposent, en plus d'une grande table de rangement, d'un grand écran sur lequel ils peuvent, avec des collaborateurs, faire pivoter le modèle BIM dans tous les sens et voir exactement les détails nécessaires.
Cela peut bien sûr aussi se faire sur une tablette. Dominic Mozzetti, chef de chantier, explique : « Si quelqu'un n'est pas tout à fait sûr d'un élément de construction, il peut désormais faire apparaître les informations nécessaires sur l'étage ou l'échelonnement. Auparavant, il fallait aller chercher jusqu'à sept plans et les tenir côte à côte. Si je regarde par exemple une dalle sur la tablette, je peux simplement regarder sur le modèle l'étape d'armature correspondante, et je trouve aussi tout de suite la liste des fers avec les numéros de position et les indications de diamètre et de longueur ».
Une fois par semaine, une réunion de contremaîtres est organisée avec les chefs de chantier pour discuter du programme des trois prochaines semaines et d'autres points importants comme la sécurité au travail, la planification du personnel et la qualité.
Luca Cabiallavetta, chef de chantier, ajoute : « Toutes les informations dont nous avons besoin pour la préparation du travail proviennent du modèle. La quantité nécessaire et la date de livraison pour le fer commandé sont également enregistrées en conséquence ». S'il y a malgré tout une incertitude ou une information qui manque, le contremaître peut créer une tâche avec la tablette, qui sera ensuite attribuée au chef de chantier correspondant pour qu'il y réponde.
Le scepticisme a fait place à l'enthousiasme
20 tablettes sont utilisées en permanence sur le chantier « Dreiklang ». Comme elles sont toujours en ligne, toutes les tablettes disposent de la dernière version du plan. « Nos chefs d'équipe et contremaîtres ont été très intéressés par la maquette numérique dès le début. Certains ont emporté la tablette chez eux et l'ont regardée à nouveau en détail le soir », confirme le chef de chantier Mozzetti. Lui-même travaillait encore comme contremaître il y a environ cinq ans et a fait ses premiers essais dans le BIMtofield avec Marti AG Zurich. Des expériences qu'il peut transmettre telles quelles.
Par exemple, le contremaître peut voir exactement dans le modèle à quoi cela doit ressembler lorsqu'il doit poser des piliers. Il a dans la maquette toutes les informations sur les numéros de position, les plans de l'ingénieur, ainsi que les plans d'usine et de montage du fabricant d'étais. Il n'a pas besoin d'aller voir le contremaître en chef ou le chef de chantier pour se renseigner. Il a toutes les possibilités d'obtenir lui-même ses informations.
BIM - quels sont ses avantages réels ?
Quels sont les enseignements que l'on espère tirer chez Marti de la construction avec le modèle BIM ? Le chef de projet Würsch donne une réponse prudente : « Nous ne sommes pas plus rapides pour le coffrage, le bétonnage ou le ferraillage, qui sont pourtant nos activités principales. Mais je vois de nombreux avantages dans les processus administratifs, par exemple dans la gestion des plans et des données. Pour moi, la numérisation signifie une utilisation continue des données. Les données ne doivent être saisies qu'une seule fois et peuvent ensuite être utilisées jusqu'à la fin, sans qu'il soit nécessaire de recopier des chiffres. J'y vois un grand potentiel de développement ».
Le chef de chantier Cabiallavetta ajoute : « Bien sûr, nous sommes constamment en train d'analyser si BIM est rentable pour nous. L'homme à l'extérieur ne peut pas travailler plus vite pour autant, ni travailler plus. Nous avons atteint cette limite depuis longtemps. Mais si nous parvenons à réduire les processus administratifs de telle sorte que le chef de chantier soit déchargé de plusieurs heures, nous aurons déjà un avantage pour l'avenir. Il ne faut pas non plus réduire le modèle BIM à la seule exécution. Nous parlons ici également de la facturation. Dans quelques années, certaines parties de la charge de travail seront peut-être automatisées ou simplifiées ».
Quoi qu'il en soit, le chef de projet et les deux conducteurs de travaux sont d'accord sur un point : avec le projet « Dreiklang », Marti AG peut bien se constituer une référence BIM de premier ordre et les portes sont grandes ouvertes pour d'autres projets BIM intéressants.
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Dans l'une des cinq cabanes à plans BIM, le contremaître en chef Adamo Bono peut à tout moment afficher ou masquer des détails sur le modèle numérique, en fonction des besoins.