18. décembre 2020

De 1860 à 2035: une ligne stratégique en transformation historique

Dans le pays de Neuchâtel, la liaison entre le Haut et le Bas du canton fait depuis des décennies l’objet de réflexions. Dans le cadre de la vision «Neuchâtel Mobilité 2030» soutenu par la Confédération, des travaux de maintien et de préparation doivent se réaliser en un temps record. Coup d’œil sur la planification et les technologies exploitées… 

En juillet 1860 était inauguré le plus long tunnel ferroviaire de Suisse, dans le canton de Neuchâtel, le tunnel des Loges sur la ligne Neuchâtel-la Chaux-de-Fonds. Plus de 150 ans après, en 2012, un projet de RER (Transrun) était refusé par une majorité infime de la population neuchâteloise, alors qu’en 2016 le projet «Neuchâtel Mobilité 2030» qui présente la stratégie globale du canton en matière de mobilité, obtenait plus de 80% des suffrages. En 2019, le Parlement fédéral approuvait définitivement la demande d’investissement pour l’aménagement de la nouvelle voie ferroviaire Neuchâtel-La Chaux-de-Fonds, la surnommée «ligne directe» (Fond ferroviaire fédéral, FIF). Un grand pas vers une mobilité moderne et devant rapprocher les citoyen-nes neuchâtelois des grandes villes de Suisse. 

Avant que la ligne directe Neuchâtel-La Chaux-de-Fonds – une partie seulement du programme «Neuchâtel Mobilité» - n’entre en exploitation en 2035, plusieurs travaux d’assainissement d’une part, de renouvèlement d’autre part, seront effectués sur la ligne historique Neuchâtel-la Chaux-de-Fonds, afin de garantir la sécurité et l’exploitation de la ligne d’ici à 2035. 

Une ligne – différents destins 

De Neuchâtel à la Chaux-de-Fonds, en passant par Chambrelien: tel est le parcours de la ligne ferroviaire actuelle. En 2035, une ligne directe devrait voir le jour, permettant de relier deux parties d’une même agglomération de 140’000 habitants. Le trajet s’effectuera dès lors en 14 minutes seulement avec une cadence tous les quarts d’heures, au lieu de 28 minutes et deux trains par heure aujourd’hui. 

En vue des transformations à long terme dans le cadre du projet «Neuchâtel Mobilité 2030», les différents tronçons de la ligne ne connaîtront pas le même destin 

  • le périmètre «renouvellement» dont les objets serviront à l’avenir au renforcement de la ligne Neuchâtel-Bôle, également une partie du projet global de mobilité: tunnel du Gibet, gare des Deurres, gare de Corcelles/Peseux 

  • le périmètre «assainissement minimal», qui sera ensuite abandonné, et peut-être transformé en piste cyclable après la mise en service de la ligne directe: augmentation des gabarits, étanchéité, correction sur zones de maçonnerie. Cela concerne avant tout le tunnel des Loges et celui du Mont-Sagne, ainsi que les 2 petits tunnels de la Luche et de la Sauge à Chambrelien 

  • Objet intégré à la future ligne directe: tunnel Combe-Convers à l’entrée de la Chaux-de-Fonds. 

Dans l’attente des premiers coups de pelle pour la ligne directe, les travaux d’assainissement minimal de la ligne ferroviaire actuelle, s’imposant depuis longtemps déjà, ont débuté cet été. Grâce à des travaux préparatoires intensifs et une scie spéciale pour creuser le rocher, l’interruption complète du trafic ne durera que huit mois. 

Gabarits historiques 

Le plus gros défi de la phase d’assainissement réside dans l’adaptation des gabarits des tunnels du Gibet et des Loges. Datant de 1860 et en forme d’ogive, ceux-ci ne répondent en effet plus aux normes actuelles.  «La dérogation de la Confédération touche à sa fin, les travaux ne peuvent plus attendre la construction de la ligne directe», commente Cathie Lequertier, cheffe de projet aux CFF. Le tunnel des Loges sera ainsi mis aux normes PEL (profil d’espace libre) 1 – mesures minimales – tandis que le tunnel du Gibet (dans le périmètre «renouvellement») se conformera au PEL 2, qui comprend la mise à profil pour des trains à deux étages et le respect de la loi sur les handicapés. 

Scie sur mesure pour libérer le profil 

Avec 3259 mètres de longueur, le tunnel des Loges requiert tant une organisation et planification qu’une logistique particulière. Ainsi, six niches de croisement seront réalisées pour le croisement des camions lors de la phase de travaux intensifs, autrement dit pendant la fermeture complète du tunnel entre mars et octobre 2021. 

Actuellement, le travail s’effectue de nuit, en petites équipes. Il s’agit avant tout d’agrandir localement la voûte. Les données implantées sur celle-ci indiquent les zones à fraiser et la profondeur. Puis, une scie multidisque montées sur des rails fraise la partie supérieure de l’ogive afin de libérer le gabarit réglementaire. L’entreprise Marti a conçu le dispositif pour l’occasion, qui permet un avancement de 40 m2/jour. Une haveuse conventionnelle montée sur une rétro rail-route fait le reste, en détachant la matière sciée. Dans le tunnel des Loges – contrairement à celui du Mont Sagne – seul le rocher est fraisé; les parties maçonnerie seront, dans une deuxième phase et avec la mise en place de mesures d’auto-sauvetage, détruites et remplacées par du béton projeté.  

Voûtes parapluie au tunnel du Gibet 

Court, mais en zone urbaine: le tunnel du Gibet ne parcourt certes «que» 678 mètres en ligne droite, il représente cependant un défi technique intéressant. L’objet faisant partie du tronçon «renouvellement» et utilisé à terme pour la liaison Neuchâtel-Bôle, les transformations sont plus conséquentes que dans le tunnel des Loges. Mme Lequertier explique: «la mise au gabarit PEL 2 implique une adaptation de la voûte pour les trains à deux étages, un élargissement de 60cm à 1 mètre sur les côtés pour la création d’un chemin de fuite, de même qu’un abaissement du plan de roulement, pour gagner en hauteur». A cela s’ajoutent les conditions géologiques aux deux extrémités – remblai et moraine (matières friables) – ainsi qu’une route cantonale au-dessus. 

Afin d’éviter un effondrement lors des travaux d’excavation, des voûtes parapluie sont donc mises en place aux deux entrées. Des tubes en acier de 16 mètres sont posés longitudinalement à la structure qui sera creusée, permettant de consolider le terrain au-dessus. Tous les 12 mètres, une nouvelle voûte est installée, les tubes se dirigeant vers l’extérieur afin de pouvoir introduire les prochains tubes. 

A la sortie du tunnel, des pieux sont également installés depuis la surface derrière les parois du tunnel aux endroits où la couverture est faible et sur lesquels une dalle sera coulée pour soutenir la route. Dans un deuxième temps, pendant l’arrêt total du trafic en 2021, le tunnel existant qui se trouve à l’intérieur de cette tranchée ouverte sera entièrement démoli par l’intérieur sur une longueur de 30m. 

Horizons et vision 

Les travaux d’assainissement minimal devraient se terminer en octobre 2021, sans compter quelques finitions qui dureront jusqu’à février 2022.  

A l’heure actuelle encore au stade d’étude préliminaire, la ligne directe Neuchâtel-La Chaux-de-Fonds, devrait d’ici là avoir franchi de prochaines étapes. Les attentes de voir toute une région se pourvoir de conditions-cadres socio-économiques dignes du 21ème siècle sont grandes… Quant à savoir si le «Haut» et «Bas» se rapprocheront effectivement, l’avenir le dira! 

 

Texte: Floriane Dudek, remerciements à Cathie Lequertier 
Photo: patrice schreyer.com 

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