21. mai 2021

Grande restructuration de la formation professionnelle dans le secteur de la construction

À l'avenir, le chef d’équipe devrait acquérir une qualification reconnue au niveau fédéral et le conducteur de travaux devrait passer un examen fédéral - Les bouleversements sont nombreux dans la formation professionnelle du secteur de la construction. Marc Aurel Hunziker, vice-directeur de la Société Suisse des Entrepreneurs et responsable de la formation professionnelle explique l’importance des points clés pour la branche et pour quand les innovations sont attendues.

Interview: SEE

 

 

Le masterplan "Formation professionnelle 2030 de la SSE" a été lancé fin 2018 par la Société Suisse des Entrepreneurs. De quoi s’agit-il ?

Marc Aurel Hunziker : avec le Masterplan "Formation professionnelle 2030 de la SSE", la SSE a pour objectif que, à l’avenir, la branche puisse continuer à répondre à la demande de spécialistes bien formés. L'évolution actuelle du secteur de la main-d'œuvre qualifiée souligne la nécessité d'agir : vu la structure d’âge au sein de notre branche, les entreprises seront confrontées au départ à la retraite de nombreux cadres, particulièrement les chefs d’équipe et chefs de chantier. Parallèlement, le nombre d'apprentis maçons n'a cessé de diminuer depuis 2013.

Comment le masterplan est supposé remédier à cette situation ?

Je suis convaincu qu'un système de formation et de carrière moderne et axé sur les besoins, offrant de bonnes possibilités de carrière aux professionnels, contribue largement à améliorer la situation de la main-d'œuvre qualifiée. Notre branche doit offrir des perspectives et cela n'est possible qu’avec un système de formation et de carrière attrayant.

Quel est l'état d'avancement du projet de masterplan ?

Ces deux dernières années, nous avons beaucoup travaillé sur le masterplan "Formation professionnelle 2030 de la SSE". Nous avons pu franchir deux étapes importantes, notamment grâce à l’étroite collaboration avec la branche et les experts de la formation initiale et continue. D'une part, l'assemblée des délégués de la SSE a largement approuvé en novembre les cinq points clés du système de formation et de carrière. D’autre part, les profils de compétences des six fonctions professionnelles - aide-maçon, maçon, chef d’équipe, contremaître, conducteur de travaux et entrepreneur - ont également été validés en décembre. C’est sur cette base que démarrera en 2021 la mise en œuvre du masterplan.

En quoi consistent les cinq points clés du système de formation et de carrière ?

Les points clés définissent les conditions cadre pour moderniser le système de formation et de carrière de façon à répondre aux besoins des entrepreneurs. Une innovation importante est que la fonction professionnelle de chef d’équipe recevra, au même titre que les autres diplômes de cadre, une reconnaissance fédérale et sera ainsi mieux positionnée. En outre, la qualification de conducteur de travaux sera à l'avenir certifiée par un examen fédéral professionnel supérieur et ainsi adaptée aux exigences réellement complexes. Actuellement, la formation est proposée comme cours dans les écoles supérieures techniques. Ces formations sont essentiellement scolaires et conçues comme première formation, après la formation professionnelle de base.

Quelles réflexions motivent la refonte du système de formation et de carrière ?

Toutes les professions de cadre devront à l'avenir être certifiées par un examen fédéral. En fait, le contrôle de qualité au terme de la formation sera entre les mains de commissions d’examens composées de représentants des entrepreneurs, donc de praticiens. La formation continue deviendra en outre plus importante. Des certificats propres à la branche viendront non seulement enrichir et compléter les formations de cadre, mais également ouvrir les portes aux travailleurs désireux de se reconvertir ou de revenir dans la branche. Les attentes des entrepreneurs sont donc claires : tant les compétences de cadre que les certificats propres à la branche dans la formation continue doivent être vérifiés et confirmés sur la base de standards cohérents. Il est important que les qualifications garantissent l'employabilité immédiate des travailleurs qualifiés dans les entreprises. À cette fin, toutes les qualifications doivent être modernisées et axées sur une orientation claire vers les compétences opérationnelles.

À partir de quand les nouveaux diplômes devraient-ils entrer en vigueur ?

Dans l'intérêt de toutes les parties prenantes et dans l'optique du développement de la main-d'œuvre qualifiée, la mise en œuvre doit désormais être abordée rapidement et efficacement. En mars 2021, nous avons commencé à réviser les règlements proposés. Ces règlements obéissent aux processus établis par la Confédération qui régissent le déroulement ainsi que les responsabilités des différentes parties impliquées.

Cependant, la réussite des révisions dépend également de la capacité des prestataires de formation, avec le soutien de la SSE, à adapter les cours de formation aux nouveaux contenus et à assurer ainsi une bonne préparation des candidats aux examens fédéraux. Ce travail n'est pas à sous-estimer. Il impose une remise en question et un changement de pratique. L'entrée en vigueur du règlement en tient compte. Elle est donc prévue individuellement entre 2024 et 2026.

Quels sont les rôles des organisations syndicalistes dans la mise en œuvre?

La force de la formation professionnelle suisse a toujours été son orientation marquée vers le marché du travail. Cette force ne peut fonctionner que si les entrepreneurs définissent les compétences et les qualifications requises, assumant ainsi leur part de responsabilité dans l’élaboration des contenus des formations et des examens. Le partenariat social joue cependant un rôle important dans ce contexte. En matière de formation des cadres, notamment des chefs de chantier, et à l'avenir également des chefs d’équipe, Cadres de la Construction Suisse est un partenaire de poids, aux côtés de l'Unia et de Syna, en tant que coresponsable du règlement. Les organisations syndicalistes sont donc également impliquées dans les processus de révision et assument une responsabilité conjointe en tant que membres de l’organe de pilotage concerné.

Selon vous, existe-t-il un facteur clé de succès de la mise en œuvre ?

Nous devons miser sur une collaboration étroite, un bon partenariat ainsi qu’une large participation, conformément aux rôles établis dans le système de formation professionnelle suisse. Je suis convaincu que nous allons mener à bien cette mission. Finalement, toutes les parties concernées ont un objectif commun : l’employabilité de la future main-d'œuvre qualifiée du secteur principal de la construction.

Personnel, rapide et direct

Vous voulez connaître nos objectifs ? Abonnez-vous à notre newsletter! Pour toute question, le siège central de Cadres de la Construction Suisse se tient volontiers à votre disposition.

Cadres de la construction proche de chez vous

Nos sections forment le réseau régional, favorisent la sociabilité et se tiennent à disposition pour répondre aux questions.

S'abonner à la newsletter